Depuis quelques années, de nombreux professionnels de santé combinent plusieurs spécialités de médecines alternatives à la médecine classique. Si ces praticiens font l’objet de contrôles rigoureux, d’autres, en revanche, exercent sans diplôme. Gare aux imposteurs. À qui faire confiance avant de prendre rendez-vous ?
Établissements de santé : les médecines alternatives bien intégrées
L’hôpital public s’est largement ouvert aux médecines complémentaires et alternatives, dès 2010, grâce au plan stratégique de l’Assistance Publique – Hôpitaux de Paris (AP-HP). Depuis, de nombreuses structures de soin ont entrepris de suivre le mouvement. Établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), associations nationales (Ligue contre le cancer, France Alzheimer…), maisons d’accueil spécialisées… y ont désormais recours. Largement déployés, l’hypnose, l’acupuncture, l’art-thérapie, les massages ou encore l’ostéopathie viennent étoffer la prise en charge traditionnelle.
Une adoption progressive placée sous la haute vigilance des autorités de santé. Fondée en 2020, l’A-MCA, l’Agence des Médecines Complémentaires & Adaptées, permet de mieux structurer l’intégration des MCA au sein de nos établissements de santé.
Réunissant plus de 150 experts : chercheurs, médecins, élus, anciens ministres, hauts dirigeants, mais aussi des patients et des soignants… elle œuvre à :
- Sensibiliser ;
- Étudier les différentes pratiques ;
- Former les professionnels ;
- Favoriser la santé à tout âge et à chaque étape de la vie.
Son objectif : consolider les connaissances sur ces pratiques, leurs effets et leurs niveaux d’efficacité.
Dans nos structures de soins, seuls les personnels médicaux et paramédicaux qui ont acquis une expertise dans le domaine des médecines complémentaires, et quelques intervenants extérieurs conventionnés, peuvent dispenser des soins alternatifs. Encouragés par l’insistance des patients et l’envie de les soulager, 6 115 médecins français(1) déclaraient, en 2017, un titre ou une orientation de médecine complémentaire et alternative. Parmi eux, un sur cinq exerçait à l’hôpital. Tous sont encadrés par le code de la santé publique et inscrits au tableau du Conseil de l’ordre des médecins. Leur pratique est donc rigoureusement contrôlée.
Faire la différence entre professionnels qualifiés et imposteurs
L’usage professionnel des titres : homéopathe, acupuncteur, ostéopathe et mésothérapeute est réservé aux personnes titulaires d’un diplôme sanctionnant une formation spécifique. Il ne s’agit pas d’un diplôme d’État. Toutefois, les quatre disciplines correspondantes sont admises de manière officielle en tant que médecines complémentaires et alternatives. Elles peuvent donc être mentionnées sur les plaques et ordonnances des professionnels de santé.
Comment reconnaître, en dehors de ces pratiques, un professionnel compétent ? Face à l’offre foisonnante, la prudence reste de mise. En effet, selon un rapport rendu public en 2019, parmi 675 praticiens inspectés par la DGCCRF(2), 460 se trouvaient en infraction. Il s’agissait « majoritairement de défauts d’information, mais aussi, dans certains cas, de pratiques commerciales trompeuses voire présentant des risques« .
L’objectif de ces investigations n’étant pas d’empêcher les professionnels d’exercer, mais bel et bien d’éviter les abus et de protéger les plus fragilisés.
« Les revendications d’ordre médical utilisées par certains professionnels peuvent s’avérer dangereuses, car elles sont susceptibles de détourner le consommateur de la consultation d’un professionnel de santé ou du suivi d’un traitement conventionnel pour une pathologie grave » – DGCCRF, 2019.
Pour aider les particuliers à se forger un avis éclairé, le ministère de la Santé et de la Prévention a publié une série de questions à se poser, et à poser, avant de recourir à une pratique de soin non conventionnelle. Parmi elles :
- Quelles sont les qualifications du professionnel que je vais consulter ?
- Le traitement est-il adapté à mon problème de santé ?
- Combien de temps ce traitement va-t-il durer ? Un suivi est-il prévu ?
- Comment et quand pourrai-je juger du résultat ?
- Combien de temps vont durer les effets du traitement ?
- Où puis-je me renseigner sur la pratique qui m’est proposée ?
- Des précautions particulières sont-elles nécessaires avant ou après le traitement qui m’est proposé ?
- Quels sont tous les risques liés à ce traitement ?
- Des effets secondaires sont-ils prévisibles ?
- Quel sera le coût du traitement (prix des consultations) ?
- Un devis peut-il être fourni ?
Quels moyens ai-je à ma disposition si je suis mécontent(e) du résultat ? - Le professionnel rencontré a-t-il une assurance professionnelle ?
Retrouvez l’intégralité des questions dans l’article « Pratiques de soins non conventionnelles » publié par le ministère.
(1) : l’Ordre des médecins.
(2) : Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes